Série de l'été - épisode 4


Séjour au gîte de la Châtaigneraie

Episode 4 - L'art au temps de la Préhistoire 

 

« Salut, vous savez c'est qui le nouvel assis avec Sophie et Wahid ? » 

Rose-Jane prend place entre Leonora et Colette, faisant face à Edith, Fatma et Annabelle. Toutes se tournent vers la femme brune dont les cheveux lisses tombent jusqu'à la taille, les yeux noirs sont en amandes, qui porte un t-shirt bleu turquoise comme les autres membres de l'équipe. 

« Je n'en sais rien, elle était déjà là quand je suis descendue pour le petit déjeuner. » lui répond Edith en mordant dans sa tartine. Rose-Jane ne s'étend pas plus sur le sujet et attaque son petit déjeuner, le premier atelier va bientôt commencer. 

 

Le ciel est clair et ils sont installés sur les tables de la terrasse derrière le bâtiment principal pour suivre le premier atelier de la journée. La femme se tient face à tout le monde à côté de Sophie. 

« Ce matin nous allons suivre un atelier sur l'écologie et notamment sur les gestes que l'on peut faire pour l'environnement. Voici Vaitiare qui va animer ce temps. »

« Merci. Bonjour à vous, je suis donc Vaitiare, vous pouvez m'appelez Vaï si vous préférez. Je fais également partie de l'Association Siel Bleu. J'ai plusieurs casquettes et l'une d'elles est la sensibilisation aux problématiques environnementales. »

 

Pendant que Vaitiare présente au groupe comment va se dérouler l'atelier, Wahid distribue des fiches à chaque participant. 

« On vient de voir l'impact des activités humaines sur l'environnement, à votre avis qu'est-ce que l'on peut faire pour les limiter à notre échelle ? »

« Le tri sélectif ? » lance Fatma en regardant autour d'elle, voyant tout le monde acquiescer. 

« Oui tout à fait aujourd'hui tout le monde a accès à des bacs de tri pour les déchets ménagers, le recyclage, le verre. Est-ce que vous avez d'autres idées ? Je suis sûre que vous faites d'autres choses au quotidien. » 

Edith et Annabelle réagissent en même temps en expliquant qu'elles font partie d'une association qui met à disposition des bacs de compostage commun sur une place de leur ville où chaque adhérent volontaire se relaye pour accueillir ceux qui veulent déposer leurs déchets organiques. Fatma rajoute qu'elle essaye de ne plus prendre l'avion quand elle part en vacances. 

« J'avoue que je ne me sens pas trop légitime, je pense au tri et à la provenance de ce que j'achète mais je ne me considère pas comme écolo. Je ne vais pas faire les manif' et ça me semble loin de moi. » renchérit Leonora. 

« Il n'y a pas de minimum requis pour essayer de faire de son mieux en faveur de l'environnement. Chaque personne à sa façon et dans la mesure de ses moyens peut faire quelque chose sans avoir besoin de revendiquer quoique ce soit. » la rassure Vaï. « D'ailleurs tu évoques le fait de tracer ce que tu consommes on peut rapidement faire le lien avec la qualité des produits et leurs impacts sur la santé. Ou encore » , ajoute-t-elle en désignant Fatma, « au niveau des transports, on a vu tout à l'heure qu'ils étaient responsables d'un bon tiers des sources de pollutions. On peut imaginer qu'au même titre que de réduire le nombre de fois où on prend l'avion on peut faire la même chose avec la voiture en marchant un peu plus. Cela aura un effet sur son bilan carbone et également sur sa santé. »

 

RJ n'intervient pas. Elle a très souvent pris l'avion pour son travail et bien qu'elle ait été cheffe ce n'est que très récemment qu'elle s'est familiarisée avec l'importance des circuits courts des produits alimentaires. Son travail dans les institutions telles que les ambassades lui a valu de devoir se plier aux demandes parfois excentriques souvent luxueuses aussi bien de la part des invités que des hôtes. Ainsi ce n'est qu'en prenant sa retraite, qu'elle a renoué avec son amour pour la cuisine en faisant à nouveau les recettes de sa grand-mère, qu'elle a su mettre au goût du jour. Elle a choisi de rester en France après son dernier emploi parce qu'elle veut pouvoir continuer d'explorer cette partie de l'Europe mais ne sait pas vraiment par où commencer. 

 

Rose-Jane n'entend que la conclusion de Vaitiare. 

« On peut allier écologie et santé en participant à des marches zéro déchets, on peut fabriquer soi-même ses produits cosmétiques comme les cotons réutilisables ce qui est également plus économique. Et justement je vous ai réservé une petite surprise, vous allez pouvoir réaliser vos propres soins. » Elle retourne à l'intérieur et émerge portant des sacs débordant de produits pour réaliser au choix un masque hydratant pour le visage ou un gommage pour le corps. 

 

****


 

« Votre attention s'il vous plaît. » 

L'air chaud de l'après-midi balaie la colline sur laquelle est perché le groupe. Il s'apprête à explorer la célèbre grotte de Lascaux, guidé par un jeune homme prénommé Antoine. « Il s'agit d'une reproduction de la grotte originale dans laquelle ont vécu les hommes et les femmes préhistoriques. A l'intérieur de Lascaux IV, il y a quelques règles à respecter. Tout d'abord, ne pas toucher les parois et surtout les peintures. Il est également interdit de prendre des photos. Sous la terre, il fait en moyenne 13 degrés Celsius alors j'espère que vous avez pensé à prendre une petite laine. Dans certaines parties, il faudra se positionner les uns derrière les autres. Enfin, le sol peut être inégal à certains endroits alors faites bien attention où vous mettez les pieds. »

 

Rose-Jane entre parmi les derniers après Hortense. Le guide explique où ils se trouvent et à quoi pouvait servir cet espace. La native d'Irlande est émerveillée. Elle qui a été bercé par les histoires celtiques, elle n'avait jamais imaginé qu'il était possible de réaliser une telle chose à l'ère préhistorique. La roche ocre des parois de la pièce ovale, qui s'élargit en son centre avant de rétrécir vers le couloir, sont taillées de façon discontinue, présentant des aspérités qui semblent mettre en mouvement les animaux peints. 

Sur la face supérieure de la paroi inclinée vers le sol, une multitude de taureaux font la ronde. 

« Les peintures que vous voyez là ont été réalisées à l'aide de pigments naturels et d'outils tels que des crayons, de pinceaux et aérographes. Les artistes de l'époque réduisaient des roches en poudre pour faire les pigments noir, jaune et rouge. Nous allons le voir plus loin mais ils utilisaient également des pochoirs comme par exemple leurs mains. »

Rose-Jane ne décroche pas son regard des œuvres écoutant distraitement le guide. Elle sent le groupe se mettre en mouvement et suit appréciant du regard les chevaux au ventre jaune duveteux, les bisons noirs trapus, les taureaux tachetés de rouge aux cornes imposantes qui lévitent entre les volutes des nuances d'ocre sur la pierre. Alors qu'ils passent d'un boyau à une salle, dans la grotte règne un silence de cathédrale uniquement entrecoupé par les explications du guide. 

 

« La technique de peinture avec l'aérographe consiste à placer dans sa bouche les pigments broyés et à les projeter sur la paroi en soufflant à travers un morceau de bois ou d'os creux. »

 

Lors d'un passage plus étroit avec à leur gauche une grande vache noire parcourue de gravure et à leur droite un groupe de cerf, le hasard fait que RJ se retrouve isolée à l'arrière avec Thérèse et Diego, qui peine à se déplacer à la même vitesse que les autres. Voyant la canne de Diego buter contre les pierres au sol, Rose-Jane tend le bras pour aller à son secours mais avant qu'elle ne puisse finir son geste, Thérèse, qui est plus proche, se penche vers lui et lui propose de s'appuyer sur elle pour le reste de la visite. Diego accepte et passe son bras libre sous le sien. 

 

Rose-Jane esquisse un sourire face à ce spectacle, la froide et distante Thérèse semble se réchauffer un peu. Le guide reprend son discours sur le mode de vie des chasseurs-cueilleurs, elle n'est pas sûre de tout comprendre, son français est plutôt bon mais certains mots sont nouveaux pour elle. 

 

****

 

« Je vais prendre violette, menthe chocolat et rhum raisin s'il vous plaît. » Assis en terrasse Diego, Thérèse, Leonora, Basile et RJ profitent des rayons de soleil de la fin d'après-midi pour déguster une glace. 

« Pouah ! C'est un mélange original. » grimace Leonora face à la commande de Basile. 

« Haha, c'est parce que je connais quelqu'un qui va vouloir piocher dans mon cornet alors je prends les devants. » répond-t-il en remuant le nez vers sa femme. 

« Toujours aussi spirituel chéri, mais cette fois je vais commander mon propre cornet. Je voudrais deux boules chocolat noix de coco, merci. » commande Thérèse en se tournant vers la serveuse, ignorant la mine boudeuse de Basile.

 

Une fois que tout le monde est servi, Leonora relance la conversation.

« J'ai été vraiment impressionnée de voir qu'il y avait autant de peintures aussi haut sur les murs. » 

« C'est vrai mais ce qui m'a le plus surpris c'est le fait qu'il y ait des preuves que certains sont morts agés alors qu'ils avaient des blessures. Dans le musée il était expliqué que c'était les autres qui prenaient soin de ceux qui n'étaient pas autonomes. » renchérit Thérèse. 

« C'est vrai que c'est loin de l'image que j'en avais dans mes souvenirs de jeune écolier. » rit Basile. 

« C'était chouette, je suis content d'avoir tenu toute la visite. Merci pour ton aide Thérèse. » fait Diego pinçant le bord de son chapeau en s'inclinant vers Thérèse, qui sourit les joues roses.

 

Leonora se lève pour aller aux toilettes et Basile en profite pour prendre sa place pour poser sa main sur celle de Thérèse. Ils échangent un sourire complice et reviennent à la conversation discutant de leurs projets en tant que jeunes retraités. Rose-Jane fait une queue de cheval avec son imposante chevelure rousse avant de mordre dans son cône à la pistache, que lui tenait Diego. Elle n'a pas encore pris le temps de réfléchir à ce qu'elle voudrait faire ensuite. Sa vie en France lui plait vraiment mais rien ne la force à rester en région lyonnaise où elle a posé ses bagages lors de sa dernière mission. Le travail de bénévole qu'elle avait trouvé dans une association d'aide aux personnes exilées était gratifiant. Polyglotte, elle aidait les personnes immigrées dans leurs démarches administratives. Peut-être qu'elle pourra continuer à le faire tout en voyageant. Elle l'avait fait toute sa vie mais cette fois en ayant le choix sur la destination. Après tout elle ne tient pas en place et il y aura toujours des personnes qu'elle pourra aider aux quatres coins du pays. Elle pourrait même aller rendre visite à sa famille à Cork, ses neveux et nièces ont bien grandi depuis la dernière fois qu'elle est retournée au pays. En train et en bateau ça doit être faisable. Enfin, elle avait encore le temps d'y penser et il fallait encore qu'elle termine, avec Sophie, l'organisation de la randonnée du lendemain sur la route de Hautefort.

 

Rédaction : Aurélie El Aïdouni
 


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